[Replay] Soins palliatifs, gériatrie, oncologie pédiatrique : quelle réalité derrière ces environnements dits “difficiles” ?

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Certains services font parfois l’objet de craintes de la part des soignants. Quel est la réalité de leur quotidien ? Quelles sont les qualités requises pour exercer dans ces services ? Le 9 octobre dernier, Sophie Druenne, infirmière en soins palliatifs à la Maison médicale Jeanne Garnier (75), Sylvie Mercier, cadre d’unité pédiatrie au Centre Unicancer Oscar Lambret (59) et Dominique Terres, infirmière au sein de l’Ehpad La Favorite (41) sont venues témoigner en direct sur les réseaux sociaux de Staffsanté.

Retrouvez l’intégralité de la conférence, ainsi que les grands axes des échanges ci-dessous :

Des services “pleins de vie”

Contrairement aux idées reçues, les services de soins palliatifs, de gériatrie et d’oncologie pédiatrique sont des services où l’on peut vivre beaucoup de joie.En soins palliatifs, nous avons plus de temps, nous sommes donc plus disponibles pour les patients. Cela nous permet d’aller au-delà du soin, de sortir du cadre hospitalier.” explique Sophie Druenne. Elle prend notamment l’exemple du jour où elle est allée chanter dans une chambre d’une patiente isolée, très renfermée sur elle-même : “on a vu un sourire se dessiner sur son visage et des étoiles dans ses yeux, nos chants lui remémoraient des souvenirs. C’est ce genre de moment qui égaye notre quotidien et qui nous donne envie de nous donner encore plus par la suite.”

Sylvie Mercier abonde dans ce sens : “Il y a énormément de vie en oncologie pédiatrique. Avant d’être des malades, ce sont avant tout des enfants. Il y a beaucoup de jeux, d’animation… La vie passe également par la scolarisation. On a une enseignante spécialisée, un prof de sport, une sophrologue…Si les échanges avec les patients sont adaptés aux enfants, ces moments sont toujours très riches en émotion. Sylvie Mercier prend l’exemple de l’utilisation d’une marionnette Bill pour expliquer les soins : “Les enfants sont très spontanés et vous posent des questions auxquelles on ne s’attend pas. Cette marionnette permet d’évoquer des émotions, la peur, la colère.

Pour Dominique Terres, la vie est aussi présente dans les Ehpad : “Il y a beaucoup d’humour, les résidents sont plein de vie.

Des équipes soudées et soutenues

Au sein de ces 3 services, les professionnels sont parfois, voire souvent, confrontés à la mort. Le soutien, en interne ou en externe, est fondamental. Être confronté à des décès fréquents, ça peut être assez lourd au quotidien” explique Sophie Druenne “C’est là où l’on se rend compte de l’importance des équipes. Au sein de la Maison Jeanne Garnier, on est une équipe soudée, on parle beaucoup entre nous, on peut passer la main à une collègue. Des groupes de parole sont également organisés avec une psychologue extérieure qui nous pousse à aller un peu plus loin dans notre ressenti.”

Le soutien extérieur est aussi important au sein du Centre Oscar Lambret. “On fonctionne avec une équipe pour les soins palliatifs et oncologiques dans les Hauts-de-France qui peut venir en soutien aux soignants. Quand on a des situations compliquées, une psychologue de cette équipe met en place des groupes de parole.” D’autres solutions sont mises en place comme des groupes d’analyses de pratiques : “quand un enfant décède, on va reprendre toute la prise en charge de cet enfant et de sa famille et chaque soignant, chaque personne, va parler de ce qu’elle a pu apporter à l’enfant et à la famille. Ça nous permet de prendre du recul, d’avoir une vision globale.

Des services qui innovent pour améliorer la prise en charge

Pour soulager des patients en proie à une forte anxiété ou avec des troubles particuliers, des formations sur les thérapies non médicamenteuses se développent dans ces établissements. Aromathérapie, hypnose, kinésionomie… ces nouvelles techniques “apportent un réel bien-être au patient, ça peut l’aider à s’apaiser.” raconte Sophie Druenne.

Beaucoup de projets sont mis en place également au sein du Centre Oscar Lambret pour améliorer la prise en charge des enfants, comme des séances de stimulation multisensorielle. “On travaille aussi beaucoup sur l’éducation thérapeutique sur l’après cancer” précise Sylvie Mercier “Les enfants sont de plus en plus anxieux, ils posent de plus en plus de questions, il faut que l’on ait des nouvelles ressources pour leur apporter des réponses autres que les médicaments“. Pour Dominique Terres, continuer à se former est important pour toujours améliorer la prise en charge des patients mais aussi “pour soi”.

D’autres projets peuvent être mis en place comme le projet de sectorisation (personnes très dépendants, personnes plus valides…) au sein de l’Ehpad La Favorite. “Chacun d’entre nous a pu préciser le secteur dans lequel nous souhaitions travailler, on va bientôt avoir une réunion avec la direction pour finaliser le projet mais ça va vraiment nous permettre d’améliorer la prise en charge globale, c’est très positif“.

Un conseil ? Avoir envie

Pour travailler en oncologie pédiatrique et en soins palliatifs, les deux intervenantes sont unanimes : il faut avoir envie, avoir conscience des difficultés et être prêt à être confronté à la mort. Il est important aussi de s’exprimer et de savoir s’écouter : “Il y a des jours où on ne se sent pas capable de rentrer dans telle ou telle chambre et ce n’est pas grave, l’équipe est là aussi pour prendre le relai“.

Pour Dominique Terres, “il faut essayer ! On ne peut pas se forcer de travailler en Ehpad, soit on aime, soit on aime pas“. Elle rappelle également que si ce n’est pas fait pour vous, pas d’inquiétude : “on est quand même dans un métier où on peut facilement changer de secteur et trouver chaussure à son pied.

Sur les qualités humaines nécessaires pour exercer dans ces services, la patience, l’écoute et une bonne communication sont fondamentales. Dominique Terres rappelle en début de conférence “la relation à l’autre est très importante dans notre métier“.

Sylvie Mercier précise également que le recours à l’imaginaire est important pour travailler en oncologie pédiatriqueLes soins sont lourds, difficiles et faire des soins qui peuvent être douloureux à un enfant, c’est aussi être capable de le mettre en situation de confiance, notamment en détournant son attention grâce à l’imaginaire”.

Merci aux 3 intervenantes, passionnées, pour leur intervention ! 

Thèmes : infirmier

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