“40% des établissements sanitaires ont transmis leurs données sur les personnels infectés”

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 20.05.2020 par Clémence Nayrac
Article Hospimedia

Depuis le 14 mai, Santé publique France communique les données concernant les personnels des établissements sanitaires infectés par le Sars-Cov-2. Anne Berger-Carbonne, pour la direction des maladies infectieuses, précise la démarche pour Hospimedia.

 

Anne Berger-Carbonne, responsable d’unité à la direction des maladies infectieuses de Santé publique France

 

Hospimedia : “Santé publique France a lancé depuis le 1er mars une veille épidémiologique des professionnels en santé infectés par le Sars-Cov-2 en établissement sanitaire. Ce système se base sur une méthodologie déclarative, pourquoi ce choix ?

Anne Berger-Carbonne : La France étant un pays démocratique, le système se devait d’être déclaratif. Il y a toutefois une forte incitation aux établissements pour déclarer les cas de Covid-19 parmi leurs salariés, sur la base du volontariat. Santé publique France, avec le Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (Geres), les centres d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (Cpias), des équipes opérationnelles d’hygiène et de la Société française de médecine du travail, a élaboré un protocole de surveillance, en place effectivement depuis le 1er mars. Il me semble important de connaître ce nombre, afin de disposer de données suffisamment complètes et représentatives, pour bien mesurer l’impact de l’épidémie chez le personnel exerçant dans ces établissements. Même si l’enquête ne nous permet pas de savoir si ces personnes ont été contaminées sur leur terrain professionnel ou privé. Il faut préciser aussi que rien n’est nominatif.

H. : Vous avez dévoilé le 14 mai (lire notre article), le premier bilan de ce recensement, quel est le taux de retour pour le moment ?

A. B.-C. : À ce jour, environ 40% des établissements sanitaires, publics ou privés, ont répondu à cette enquête. C’est déjà un bon chiffre et il devrait encore évoluer puisque le bilan est actualisé chaque semaine. Des relances sont en cours via les Cpias, le réseau de la médecine du travail, etc.

H. : Un syndicat avance un taux de contamination pour les soignants qui serait six fois supérieur à celui de la population (lire notre article). Cela vous semble-t-il plausible compte tenu des premières données dont vous disposez ?

A. B.-C. : Nous aimerions pouvoir disposer de ce taux de contamination des professionnels du secteur, il faut encore attendre quelques jours pour qu’il soit le plus représentatif possible. Il faudra évidemment le mettre en perpective avec celui de la population.

Nous avons circonscrit cette enquête aux établissements, parce que leur organisation nous le permet, avec l’existence de référents, sans que cela soit une charge trop lourde pour ces structures.

H. : Le dispositif en place se concentre sur le recensement des professionnels qui évoluent en établissement, pourquoi exclure les libéraux de ce dispositif ?

A. B.-C. : Il ne s’agit pas du tout du même type d’étude. Nous avons circonscrit cette enquête aux établissements, parce que leur organisation nous le permet, avec l’existence de référents, sans que cela soit une charge trop lourde pour ces structures. Le monde libéral est différent, c’est une démarche beaucoup plus lourde, avec différents ordres, des représentations régionales… Toutefois le Geres a mis en place un outil, sur lequel ces professionnels ont la possibilité de s’inscrire. Le questionnaire est très qualitatif, un peu moins quantitatif. Mais il permet aussi le recueil de ces données pour les libéraux. Nous travaillons en parallèle avec le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) et le ministère des Solidarités et de la Santé à un recensement spécifique. Cela prend du temps et c’est un temps d’autant plus précieux pour les acteurs dans le contexte de reprise d’activité des soins non-Covid.

H. : Pour l’heure, la surveillance menée auprès des établissements fait état de 13 décès parmi les professionnels des établissements. Un syndicat (lire notre article) estime notamment que ce chiffre serait sous-évalué…
A. B.-C. : Je ne pense pas qu’on puisse dire que ce chiffre est sous-estimé. Il s’agit de déclarations officielles. L’enquête couvre 40% des établissements, je serais étonnée que le nombre de décès soit dix fois plus important dans les 60% restant, c’est-à-dire qui n’ont pas encore transmis leurs données. Le taux de décès, inférieur à celui de la population générale pour les professionnels de santé, peut s’expliquer par un dépistage plus important de la maladie, nous avons donc connaissance en proportion de beaucoup plus de cas. Et puis, souvent, ces professionnels ont moins de comorbidités, par exemple ils ont souvent moins de 65 ans.

H. : Globalement, depuis la publication du premier point épidémiologique le 14 mai, les chiffres ont-ils évolué ?

A. B.-C. : Nous avons en effet reçu de nouvelles données pour analyse, elles seront publiées dans les prochains jours.”


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