Le suicide d’une infirmière du Groupe hospitalier du Havre est reconnu comme “accident de service”

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 09.05.2017 par Géraldine Tribault
Article Hospimedia

En juin 2016, une infirmière du CH du Havre se donnait la mort à son domicile. Elle laissait une lettre évoquant le cas d’une prise en charge. La direction a diligenté une enquête interne dont les conclusions ont conduit la commission de réforme à reconnaître son suicide en “accident de service“. Des préconisations ont aussi été formulées.


En juin 2016, une infirmière du service de néonatalogie du Groupe hospitalier du Havre (GHH, Seine-Maritime) se donnait la mort à son domicile. Il s’agit du premier d’une liste noire de suicides de personnels soignants qui se sont déroulés l’été dernier (lire notre article). Ce suicide, à l’issue d’une enquête interne, a été reconnu comme “accident de service” par la commission de réforme. Un avis auquel s’est conformée la direction de l’hôpital, indique le GHH dans un communiqué ce 9 mai.


Dans une lettre laissée à son conjoint, elle évoquait le cas d’une prise en charge effectuée dans le cadre de son travail, rappelle l’établissement. Elle y indiquait notamment se sentir responsable dans la mise en danger d’un bébé et ses conditions de travail, a précisé à Hospimedia le syndicat Sud du GHH. L’établissement note qu’un soutien psychologique a été mis en place par sa direction auprès du personnel et que des groupes de paroles et d’entretiens individuels ont été organisés. En parallèle, le 29 juin, une enquête interne a été diligentée sur les conditions d’exercice professionnel des équipes du secteur de néonatalogie. En outre, la direction a arrêté en comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) la mise en place d’une commission d’enquête paritaire composée à part égale entre les membres du CHSCT et de représentants de la direction.

Un nouveau projet médico-soignant

Concrètement, l’enquête a consisté à recevoir les personnels volontaires des différents métiers de la filière néonatale au cours d’un entretien individuel et sur la base d’un questionnaire établi en commission paritaire. Les principales préconisations du rapport issues de ces entretiens sont de : poursuivre l’accompagnement du changement collectivement et individuellement ; centrer la communication et la coordination des équipes sur la prise en charge du patient ; maintenir et développer les compétences au regard des nouveaux besoins de prise en charge de l’enfant et de sa famille. “Cette restitution a permis d’aborder avec le personnel les pistes de travail devant permettre l’élaboration d’un nouveau projet de service médico-soignant.” Il fédèrera l’ensemble des équipes de la filière et sera mis en place avec l’aide d’un consultant extérieur, explique l’hôpital. Le but est de permettre un partage d’expérience avec d’autres hôpitaux. Il comportera par ailleurs un plan d’accompagnement des équipes aux changements, “incluant des mesures de prévention des risques psychosociaux“, ajoute-t-il. Le GHH évoque aussi la mise en place depuis deux ans du plan de prévention des risques psychosociaux (RPS) qui a été “intensifié dans son planning et renforcé“. Il comprend, entre autres, une formation de l’encadrement aux RPS et la mise en place d’une cellule de vigilance à ces risques, souligne la direction.

Prendre en compte les RPS

Dans son communiqué, elle rappelle que le projet développé depuis 2015 consiste en la révision du capacitaire avec une diminution du nombre de lits pour adapter l’offre aux besoins de la population. “Les effectifs ont été adaptés au nouveau capacitaire conformément aux ratios fixés par les normes réglementaires“, précise-t-elle. La filière néonatale, quant à elle, est composée de quatre unités : néonatalogie, unité kangourous, soins intensifs et réanimation. Le projet de réorganisation “était en cours dans le cadre de la mise en œuvre d’une équipe commune pour les quatre unités“. Si l’hôpital note que l’infirmière n’avait pas encore exercé dans l’unité de réanimation, pour le syndicat Sud c’est bien la mise en place de cette équipe qui est à l’origine de son mal-être au travail. Une nouvelle organisation qui l’aurait “destabilisée“, celle-ci ayant indiqué ne pas être faite pour travailler en réanimation. La reconnaissance en accident de travail conduit la direction à réfléchir à la gestion des RPS. Elle précise par exemple que des membres de la caisse d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat), spécialisés dans la prévention des RPS, vont intégrer la construction du nouveau projet médico-soignant de la direction.

 

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