Deux jeunes anesthésistes-réanimateurs sur trois à l’hôpital envisagent une reconversion

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 07.02.2018 par Clémence Nayrac
Article Hospimedia

63% des anesthésistes-réanimateurs de 30 à 39 ans envisagent de modifier leur activité, dont la moitié vers le privé. C’est ce que montre une enquête sur les conditions de travail, menée par le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi. Il s’inquiète pour la sécurité des patients notamment.

L’anesthésie-réanimation est-elle à bout de souffle ? La question est posée par le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E), dans le cadre de l’enquête Contramar — pour conditions de travail des anesthésistes-réanimateurs (AR) — mise en ligne ce 7 février sur son site. Elle met en évidence, déplore le syndicat, une pénurie de professionnels. Quant aux solutions pour pallier ce problème, telle que l’intensification du travail, le temps de travail additionnel (TTA), le recours à l’intérim ou encore la séniorisation des internes, le syndicat souligne qu’elles incitent de nombreux praticiens à quitter le service public et à changer de métier.

78% des sondés dans un service en sous-effectif

78% des AR déclarent en effet être dans des services en sous-effectifs. Une situation qui a des conséquences sur leur temps de travail. Un peu moins de la moitié, soit 42%, confient travailler 48 heures par semaine, quand 29% sont à temps continu et 5% voient leur temps de travail compté en demi-journée avec trois demi-journées par jour. Pour 91% de ceux dont le décompte du temps se fait en demi-journée, une garde vaut pourtant deux demi-journées. En revanche, 75% relatent effectuer du TTA. Il est “contraint” dans près d’un cas sur deux (46%). Quant à l’interim, 37% des AR l’évoquent comme une réalité de leur service. Un recours régulier dans 22% des cas.

Les internes sont aussi fortement sollicités. 61% des sondés séniorisent des internes, dont près d’un tiers quotidiennement. Dans 43% des cas, ils font faire à ces étudiants des consultations pré-anesthésiques. L’enquête souligne que 65% des AR ne relisent pas ces consultations. Leur temps est accaparé : plus des deux tiers des AR (66%) passent 10 à 20% de leur temps à ces tâches administratives. Soit le même pourcentage que le temps passé en famille, dans 58% des cas.

55% ont l’impression de prendre des risques

C’est aussi sur les conditions de travail qu’alertent les chiffres dévoilés par le SNPHAR-E. Parmi les AR consultés, 11% travaillent systématiquement dans plus de deux salles et 86% dans des blocs où les dépassements sont “habituels”. Conséquence de cette sur-sollicitation : plus de la moitié, soit 55%, ont l’impression de prendre des risques et de compromettre la sécurité anesthésique. Ils sont en conclusion 69% à observer une dégradation des conditions de travail depuis cinq ans. Ce qui les incite à une réorientation. 63% — soit les deux tiers — de ces professionnels âgés de 30 à 39 ans envisagent de modifier leur activité professionnelle. Parmi eux, la moitié (48%) envisagent une reconversion dans le secteur privé.

 

Les conditions de travail ont des conséquences sur la perception des prises de risque.

 

Face à ces constats, le SNPHAR-E demande aux tutelles de “prendre en considération les dérives induites par la pénurie de médecins AR à l’hôpital public, afin de préserver la sécurité des patients et l’attractivité du métier dans le service public”. Il cite enfin plusieurs leviers : le contrôle de la démographie médicale en accord avec les besoins de la population, au travers du numerus clausus et du nombre de postes d’internes attribués à la spécialité ; la poursuite du développement des mesures d’attractivité à l’hôpital public ; et enfin une réflexion sur la rémunération des praticiens hospitaliers.

 

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