Une enquête révèle le moral en berne des présidents de commission médicale d’établissement

capture-decran-2016-12-02-a-16-10-06Publié le 26.10.2018 par Clémence Nayrac
Article Hospimedia

80% d’entre eux estiment que leur moral atteint à peine la moyenne. Les présidents de commission médicale d’établissement de CH n’ont pas confiance en l’avenir de l’hôpital public. C’est ce que révèle une enquête menée par leur conférence et dévoilée ce 25 octobre. L’instance demande d’urgence des mesures avant un “point de non retour”.

“Faut-il laisser l’hôpital public mourir dans l’indifférence ? Il est urgent d’agir avant qu’il ne soit trop tard”. Dans un communiqué daté du 25 octobre, la conférence des présidents de commissions médicales d’établissement (CME) alerte une nouvelle fois sur la situation à l’hôpital et “appelle solennellement à envoyer sans attendre un signal politique fort et surtout concret à l’ensemble des professionnels hospitaliers, de plus en plus exaspérés”. La conférence s’appuie sur une enquête flash, menée du 26 septembre au 8 octobre auprès des présidents de CME, et lancée avec la volonté d’évoquer des sujets “majeurs” pourtant “éludés” dans le cadre de la stratégie Ma Santé 2022, estime-t-elle. Les résultats de cette enquête décrivent des présidents de CME toujours très attachés aux valeurs de l’hôpital public. Mais ils font aussi un constat : celui d’une “résignation” qui “se transforme progressivement en colère”, souligne la conférence.

 

 

 

 

Un moral en berne

Sur les 192 réponses reçues, un échantillon “représentatif de toutes les tailles d’établissements et de l’ensemble des régions”, 78,5% des présidents de CME estiment que leur CH sera en déficit en 2018. Ils sont moins de 5% à s’attendre à un résultat excédentaire tandis que 43% estiment que le déficit sera supérieur à 3%. “Cela traduit la désespérance régnant dans la majorité des établissements”, souligne la conférence. “La recherche constante de mesures d’économies devient, par leur accumulation, insoutenable”, poursuit-elle.

Il ressort en outre de cette enquête que le moral des praticiens “est profondément altéré avec une médiane de 4 sur une échelle de 1 à 10”, dix étend la note d’un moral “bon”. Près de 80% des praticiens interrogés l’estiment inférieur à la moyenne de cinq sur dix. Un moral bas, qui s’explique en partie par des difficultés significatives d’attractivité médicale. 87% des sondés en font état dans leur établissement. La conférence des présidents de CME ajoute que ces difficultés sont désormais majorées par des problèmes de fidélisation des praticiens, qui se traduisent par une accentuation des départs dans près de 73% des établissements.

Des risques de rupture irréversible

“Cette situation régulièrement décriée s’aggrave. Elle risque de conduire à une rupture irréversible de l’offre de soins si rien n’est fait”, indique la conférence. Elle explique toutefois que les résultats de cette enquête ne la surprennent pas, l’hôpital étant soumis à des plans d’économie successifs depuis plusieurs années. “76% des présidents de CME estiment qu’ils n’ont plus de marge de manœuvre au sein de leur établissement pour retrouver l’équilibre budgétaire”, insiste leur conférence. Et cette dernière de citer les suppressions de lits imposées de manière “dogmatique”, l’augmentation des signalements psycho-sociaux, les déserts hospitaliers qui apparaissent ou encore la difficulté croissante voire l’impossibilité d’élaborer de nouveaux projets.

Pour toutes ces raisons, elle demande “un plan d’urgence de mesures transitoires pour sauver l’hôpital public”, assorti d’une pause sur les économies demandées. “La lutte contre les gaspillages, économies “saines” doit débuter sans attendre”, demandent les présidents de CME. Elle doit selon eux s’appuyer sur une analyse de la pertinence des pratiques médicales et soignantes et la prise en compte de “l’indigence des systèmes d’information en santé, l’accumulation des charges administratives et la multiplication d’injonctions contradictoires”, qui génèrent des coûts indirects. Sans cette évolution, la conférence alerte enfin sur le risque d’atteinte d’un point de non retour, pour l’ensemble des professionnels hospitaliers.

 

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