Portrait d’Ulric Franchomme, manipulateur en radiologie

Comment les pôles d’imagerie se sont réorganisés pendant la crise du Covid-19 ? Comment le métier de manipulateur en radiologie s’est adapté ? Nous avons rencontré Ulric Franchomme, manipulateur en électroradiologie médicale au CHU de Lille.

Pourriez-vous vous présenter et présenter votre parcours ?

Je suis manipulateur en électroradiologie médicale – ou, plus simplement, manipulateur radio – dans les services des urgences et de réanimation du CHU de Lille depuis maintenant 6 ans. J’ai intégré directement le CHU après ma licence en imagerie au Pôle Santé Valentine Labbé. En parallèle, je suis formateur au Centre de Simulation Presage de Lille et j’interviens en section IMRT (Imagerie Médicale et Radiologie Thérapeutique) à La Madeleine.

Quelles sont vos missions ?

Un manipulateur radio est un soignant avec une casquette médico-technique. Notre cursus est proche de celui d’un infirmier, avec des bases techniques et une connaissance en imagerie en plus. Ma mission principale est d’établir la première étape d’un diagnostic grâce à l’imagerie. Au sein du CHU, nous assurons l’imagerie et la prise en charge des patients qui arrivent aux urgences adultes et pédiatriques, ainsi que ceux hospitalisés en réanimation. On travaille en étroite collaboration avec les radiologues mais aussi tout le personnel soignant de nos services.

Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est le côté social. Nous rencontrons les patients sur un temps plus court et dans des conditions différentes des autres soignants, ce qui les invite souvent à se confier d’une autre façon.

Comment votre métier s’est-il adapté à la période de crise ?

Notre service est ouvert 24h/24, 7j/7. Durant les deux derniers mois, on était vraiment dans le feu de l’action, notamment au début avec les patients venus des départements limitrophes. Pour la mise en place des protocoles (prise en charge des patients, protection des soignants, désinfection du matériel…), nous avons travaillé en collaboration avec des hygiénistes et des soignants issus des services des urgences et de réanimation.

D’habitude, nous avons un scanner pour les urgences et un scanner pour la réanimation. Nous avons réorganisé les équipements de manière à avoir un scanner dédié aux patients des urgences dites “conventionnelles” et un scanner pour les patients atteints du Covid-19 ou susceptibles d’être atteints. On a donc dû se réorganiser en interne pour gérer les flux et respecter au mieux les gestes barrières.

Nous avons fait le choix de ne pas avoir d’équipe de manipulateurs radio dédiée aux patients Covid-19, mais de tourner sur tous les postes. Ça nous demande plus d’organisation lors des roulements mais c’était essentiel pour que chacun puisse souffler, les prises en charges des patients covid étant assez lourdes. Au coeur de la crise, nous avons réalisé environ 150 radiographies et 70 scanners par jour, rien que pour les patients Covid ! La période a été très chargée. Heureusement, les équipes des pôles d’imagerie qui ont eu une baisse d’activité sont venus en renfort !

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

Au début de la crise, on avait beaucoup d’interrogations car les informations changeaient régulièrement, il nous a fallu un peu de temps pour comprendre le virus et la situation.

Notre plus grande problématique a été de gérer les flux de patients atteints du Covid-19 ou suspectés de l’être, en parallèle des urgences qui continuaient de tourner, même si le flux était plus faible que d’habitude. Je trouve que, d’une manière générale, on s’est très bien adaptés en interne ! L’équipe d’imagerie est jeune et dynamique, on s’adapte vite au changement, ça a été une grande force.

Il y a eu une très bonne communication avec les autres soignants (radiologues, urgentistes, infirmiers, aide-soignants…) et une vraie cohésion entre les services. Tous les métiers et pôles se sont serrés les coudes. Il y a une dynamique positive et, au final, on sortira de cette crise en connaissant encore mieux nos collègues ! Du côté des patients, le ressenti est plutôt positif aussi. Même si on ressentait de la peur chez les patients atteints de Covid-19, on a jamais eu d’animosité. La grande majorité d’entre eux ont été conciliants et patients, ils ont compris que l’on faisait au mieux pour eux.

Avez-vous en tête un moment fort de ces dernières semaines ?

Ce qui m’a le plus marqué a été de voir la dégradation rapide de l’état de certains patients. Ils arrivaient sur les jambes aux urgences et se retrouvaient 3h plus tard en réanimation. C’était impressionnant ! Au début le virus n’était pas pris au sérieux par certains pans de la population mais, aux urgences, on s’est vite rendus compte que tout le monde pouvait être touché et ce, quel que soit son âge ou ses antécédents médicaux !

Pour vous, quelle a été la place du manipulateur radio durant la crise ?

Le métier de manipulateur radio reste encore assez méconnu. Il est souvent représenté comme un personnel technique alors que nous sommes des soignants avant tout.
Par contre, grâce à la visibilité que nous avons pu avoir pendant la crise, l’image des manipulateurs a changé. Les gens ont pu comprendre l’importance de notre métier dans la prise en charge des patients. Un patient sans imagerie est un patient qui ne sait pas où il va. C’est très important que l’imagerie soit au centre de la prise en charge.

Et je suis persuadé que notre métier va être de plus en plus exposé ! La demande des manipulateurs radio va augmenter dans les prochaines années avec l’évolution des machines. Pour moi, nous sommes qu’au début de notre métier !

Comment voyez-vous l’après crise ?

Nous en sommes qu’au début du déconfinement, donc c’est encore compliqué de se projeter à moyen terme. On espère garder cette organisation encore au moins un mois mais cela va dépendre de la réouverture des autres services d’imagerie. Dans tous les cas, on appelle à la responsabilité de chacun, le virus est encore présent et il faut donc être très prudent !

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