Professionnels soignants : un état de santé inquiétant

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La Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) a publié le 10 décembre son Carnet de santé des Français et des personnels de santé et hospitaliers (1). Une étude qui révèle une situation alarmante sur l’état de santé des personnels de santé.

Si les Français ont été peu affectés par des problèmes de santé cet automne, ce n’est pas le cas des professionnels de santé.
38 % des personnels hospitaliers ont été malades au cours des deux derniers mois, soit presque deux fois plus que la population générale et six points de plus que l’année dernière à la même période. Cela impacte leur satisfaction au travail.

Quelle responsabilité ?

Les professionnels de santé sont-ils responsables de cette situation ? L’enquête révèle qu’ils sont « de mauvais élèves » en matière de prévention. Deux soignants sur cinq (18 %) et six médecins sur dix (55 % des généralistes et 61 % des spécialistes) n’ont pas de médecins référents. De plus, 53 % des soignants, et plus de six infirmiers et aides-soignants sur dix, ne se font jamais vacciner contre la grippe. Autant de comportements qui peuvent mettre à mal leur santé.

Des comportements à risque

Les soignants sont également nombreux à adopter des comportements à risque, ces mêmes comportements qu’ils cherchent à combattre auprès de leurs patients.
Par exemple, un médecin sur dix (8 % des généralistes et 11 % des spécialistes) consomme quotidiennement de l’alcool et ils sont trois sur dix à en consommer plusieurs fois par semaine.

Plus d’un soignant sur dix (12%) fume quotidiennement et près d’un sur quatre (22%) fume occasionnellement.

Constat alarmant de l’enquête : la prévalence observée double auprès des infirmiers et aides-soignants, professions qui regroupent respectivement 20 à 22 % de fumeurs quotidiens.

Par ailleurs, plus d’un tiers des soignants (35%), près d’un infirmier (45%) et aide-soignant (56 %) sur deux, et 44 % des internes, n’ont aucune activité physique régulière.
En termes d’alimentation, il ne s’agit clairement pas d’une priorité pour les professionnels de santé qui accordent peu de temps à ce moment. 37 % des soignants prennent exceptionnellement voire jamais un repas assis. Cela concerne 48 % des sages-femmes et des aides-soignantes, 45 % des infirmières et masseurs-kinésithérapeutes, 40 % des médecins spécialistes et 31 % des médecins généralistes.

Des soignants en surmenage

Les professionnels de santé sont par ailleurs concernés de près par le surmenage ou burn out. Le sondage révèle qu’environ six soignants sur dix travaillent le weekend. Ils sont 15 % à le faire presque systématiquement et 44 % régulièrement. Du côté des infirmiers et des aides-soignants, ils sont neuf sur dix à être concernés, tout comme 80 % des internes.
En outre, 23 % des professionnels de santé ont des troubles du sommeil quotidien. C’est le cas pour 36 % des aides-soignantes, 29 % des infirmiers et 27 % des pharmaciens. 51 % d’entre eux en souffrent au moins une fois par semaine.

Moins d’arrêts que la population générale

Malgré cette situation, les professionnels de santé (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens, orthophonistes, dentistes, cadres de santé, administratifs…) posent deux fois moins de journées d’arrêt de travail que la population générale. Ils demandent 7.5 jours de congés en moyenne contre 14 jours pour les salariés français.
Pourtant, au quotidien, ils sont confrontés à de très nombreux facteurs stress qui rendent leur quotidien difficile et qui pourraient justifier des journées d’arrêt de travail.

Parmi ces difficultés :

  • – le travail empêché (faire des choses contradictoires, sentiment de manquer de coordination avec ses collègues)
  • – la charge de travail
  • – le débordement du travail sur la vie privée
  • – la confrontation à la souffrance du patient
  • – le comportement des patients, qui peuvent faire preuve d’agressivité, de manque de considération et même insulter les soignants.

Les infirmiers et les aides-soignants sont, une fois de plus, les plus lourdement affectés par ces principaux facteurs de stress identifiés, notamment par les mauvais comportements des patients, alors même que paradoxalement, ils sont unanimement aimés et loués par les Français et les patients.

 

(1) 6078 professionnels de santé ont été interrogés pour ce sondage « Carnet de santé » de la Mutuelle nationale des hospitaliers, sur leur état de santé physique et moral. Elle a été réalisée par Odoxa, en collaboration avec le Professeur Didier Truchot de l’université de Bourgogne-Franche-Comté et l’association Soins Professionnels en Santé (SPS).