Le regard sévère que porte les personnels hospitaliers sur leur profession

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Il faut le dire sans détour : ce n’est pas la grande forme du côté des personnels hospitaliers, soignants comme non soignants, qui semblent porter un regard relativement sévère voire désabusé sur leur profession et leur environnement d’exercice. C’est ce que révèle en substance le baromètre Odoxa-MNH intitulé « Le carnet de santé des Français et des personnels hospitaliers » et publié début avril. Le point sur les grands enseignements à retenir de cette enquête

 

D’un point de vue physique, tout d’abord, le baromètre révèle que les personnels hospitaliers sont particulièrement affectés par les virus et autres maux d’hiver. Ainsi, quelque 34 % d’entre eux déclarent avoir été malades (contre 20 % de la population générale). Mais c’est surtout du côté du moral que le bât blesse : seuls 64 % des personnels hospitaliers se disent satisfaits de leur travail. De fait, si ce taux de satisfaction reste positif, il reste préoccupant au regard de la population générale puisque 79 % des Français se déclarent satisfaits. Dans le détail, ce sont les personnels soignants qui souffrent le plus de cette insatisfaction (seuls 60 % se déclarent satisfaits) par rapport aux personnels non soignants (73 %).

Une dégradation de la qualité des soins ?

De fait, cette insatisfaction et ce mal-être semblent se traduire dans le soutien qu’affichent les professionnels hospitaliers vis-à-vis des mouvements sociaux actuels : en effet, visiblement en colère, 87 % des personnels hospitaliers déclarent ainsi soutenir les mobilisations contre la réforme de la fonction publique. Concernant l’environnement et les conditions d’exercice, si la majorité des personnels hospitaliers estiment que la France propose les meilleurs soins hospitaliers, ils ne sont que 56 % à le penser contre 68 % pour les médecins et 66 % pour les directeurs d’hôpitaux (et 59 % de la population générale). De manière générale, les personnels hospitaliers pointent une dégradation de la qualité des soins, notamment du parcours de soin. Ainsi, seuls 24 % des personnels hospitaliers (23 % chez les soignants et 27 % chez les non soignants) considèrent que le parcours de soins entre le médecin référent, les spécialistes et les établissements de santé se déroule de façon satisfaisante.

Du côté du développement digital, enfin, les professionnels hospitaliers semblent avoir des attentes relativement mitigées quant à le voir comme une éventuelle solution à la dégradation du parcours de santé. Enfin, les personnels hospitaliers soignants (43 %) comme non soignants (55 %) sont sceptiques sur un potentiel gain de temps que le digital pourrait apporter. A titre comparatif, pour 80 % de l’ensemble des Français, le développement des nouvelles technologies et du digital dans la santé fait gagner du temps aux personnels soignants. À l’exemple des applications facilitant la gestion des remplacements comme Teamsquare. Chez les médecins, cette proportion est de 71 % et de 70 % chez les directeurs d’hôpitaux. Ce scepticisme se retrouve également dans les bénéfices que le digital pourrait apporter dans l’aide dans la décision thérapeutique ou encore dans le renforcement des compétences et des qualifications : en effet, 47 % des personnels hospitaliers pensent que le développement du digital détériorera la qualité des soins, 39 % la coopération et les relations entre personnels soignants, 36 % l’implication des patients dans l’élaboration et le suivi de leur traitement et, enfin, 33 % l’observance.

Les conclusions de cette enquête ne sont pas sans faire écho aux cris d’alerte lancés ces dernières semaines par différents organismes professionnels sur la souffrance des soignants parmi lesquels l’Ordre des médecins et l’Ordre infirmier.

A noter que, depuis le 1er avril, le numéro d’écoute et d’accompagnement 0 800 800 854 est ouvert à tous les soignants en détresse.

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