Interview d’une infirmière libérale

Nous vous parlions, il y a quelques semaines, de l’exercice en libéral. Vous êtes nombreux à vous interroger sur cette façon d’exercer. C’est pourquoi nous avons rencontré Lise Bernier, 28 ans, qui exerce depuis un an en tant qu’infirmière libérale.

  • Pourquoi avoir choisi l’exercice en libéral ?

Après exercé trois ans dans un service de réanimation neurologique, j’avais envie de devenir mon propre patron, d’être indépendante et de pouvoir organiser mon emploi du temps. En bref, j’avais besoin d’exercer avec davantage de liberté. Il y a un an, je me suis donc lancée dans cette aventure avec une associée.

  • Par quelles étapes doit-on passer avant d’exercer en libéral ?

Les étapes sont nombreuses. Dans un premier temps, il faut s’enregistrer auprès de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie. On vous renseignera sur les conditions géographiques à respecter pour l’installation de votre cabinet. Il faut aussi se déclarer à l’ARS ainsi qu’à l’URSSAF.
Pour ma part, je suis également allée voir un juriste qui m’a aidée à créer mon entreprise, car mon associée et moi exerçons sous une SCP (Société Civile Professionnelle).
Dans un second temps, nous avons fait appel à un expert comptable qui prend en charge la comptabilité mensuelle ainsi que le bilan de fin d’année de notre entreprise.
Il faut également s’affilier à la CAPRIMKO qui est une organisation autonome d’assurance vieillesse pour les professionnels du secteur libéral. Nous avons souscrit à une assurance prévoyance, pour être mieux indemnisé en cas de maladie ou de congés maternité, ainsi qu’à une AGA (Association de Gestion Agréée), ce qui permet d’éviter la majoration de 25% du revenu imposable de l’entreprise pour le calcul de l’impôt.
En parallèle, nous avons également dû trouver un local aux normes (possédant une salle d’attente, une salle de soins, un point d’eau et répondant aux normes handicapés), trouver une entreprise qui récolte et trie nos déchets médicaux et choisir un logiciel de télétransmission.

  • Comment vous êtes-vous constitué une patientèle ?

Il est possible d’acheter une patientèle mais, pour notre part, l’acquisition s’est faite petit à petit. Nous avons fait faire des cartes de visites et, pendant deux mois, nous sommes allés démarcher les hôpitaux, les pharmacies, les assistantes sociales ou encore les médecins afin de nous faire connaître et de les convaincre d’orienter leurs patients vers notre cabinet. Au bout de trois semaines, cela commençait à porter ses fruits.

  • Combien avez-vous de patients ?

À nous deux, nous réalisons entre 50 et 60 passages par jour, soit environ une quarantaine de patients quotidiennement.

  • Comment se déroule une journée type ?

La journée commence assez tôt. Nous avons des rendez-vous de 5h30 à 13h puis de 15h30 à 21h. Ils s’enchaînent très rapidement. Chaque journée est une véritable course contre la montre.

  • Quels types de soins pratiquez-vous ?

Aide à la toilette, injections, perfusions, contrôles de prise de traitement, pansements : les actes effectués sont nombreux. Nous avons également des patients en Hospitalisation à Domicile (HAD) qui requièrent une prise en charge aussi bien technique que psychologique. Mon associée et moi avons également effectué une formation pour pouvoir pratiquer la chimiothérapie au domicile du patient.

  • Quels sont les avantages par rapport à l’exercice salarié ?

En exerçant en libéral, on est libre d’organiser son emploi du temps comme on le souhaite. Il y a plus de liberté et l’exercice est moins routinier. La dimension relationnelle est également plus importante. Il est plus facile de développer des liens lorsque l’on exerce au domicile du patient. Certaines personnes reçoivent notre visite quotidiennement alors, au bout de quelques temps, on fait un peu partie de la famille.
L’argent est également un avantage considérable, à condition d’être motivé, de beaucoup travailler et de ne pas compter ses heures.

  • En moyenne, combien gagnez-vous par mois ?

Environ 4 000 euros net par mois. C’est un salaire important, mais comme je vous l’ai dit, il faut beaucoup travailler pour en arriver là.

  • Et quels sont les inconvénients ?

À la différence d’un poste salarié dans un établissement de santé, il n’y a pas de travail en équipe et cela peut être pesant. Par ailleurs, l’implication est tellement forte quand on se lance dans une telle aventure que les journées de congés servent davantage à faire des papiers ou des tâches administratives qu’à se reposer.

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Par Amélie Tison

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