Les personnels hospitaliers sont débordés

temps

Selon une enquête de l’institut de sondage Odoxa, les professionnels hospitaliers ont le sentiment de manquer cruellement de temps pour remplir leurs missions et s’occuper pleinement de leurs patients. Plus de la moitié d’entre eux ont peur de commettre des erreurs par manque de temps.

Les professionnels hospitaliers n’ont pas la forme… En effet, un tiers d’entre eux ont été affectés par un problème de santé ces derniers mois et, notamment, par un rhume ou par une grippe. « L’hiver s’étant (à peine) terminé fin mai cette année, les maladies d’hiver ont joué les prolongations », pointe ainsi l’enquête d’Odoxa, publiée mi-juin. Cette proportion est « nettement supérieure » à celle du grand public : « seul » un Français sur cinq est tombé malade au cours de cette période.

Manque de temps

L’enquête s’est également penchée sur le rapport au temps des hospitaliers, qu’ils soient soignants ou non. Il ressort de l’enquête que les professionnels sont débordés : les médecins travaillent en moyenne 47 heures par semaine, au lieu des 35 heures légales.

 

Ils sont 44 % à déclarer travailler plus de 50 heures par semaine.

 

Les autres personnels hospitaliers, eux, affirment avoisiner les 39 heures de travail hebdomadaire en moyenne.« À ce volume horaire colossal à l’hôpital, s’ajoutent toutes les sollicitations professionnelles s’effectuant en dehors de ce temps de travail déjà très/trop important », complète l’étude. Elles sont loin d’être anecdotiques : un médecin sur deux estime en subir « au moins une fois par semaine ». Et les professionnels hospitaliers ne voient aucun signe d’amélioration en vue, bien au contraire. « Neuf soignants sur dix ont le sentiment que leur charge de travail, déjà lourde, s’intensifie encore », révèle Odoxa. En outre, « une nette majorité d’entre eux pensent que leur direction a pleinement conscience du problème mais plus des trois-quarts pensent qu’elle ne s’en préoccupe pas ».

Risques psychosociaux

En parallèle, la majorité des personnels (51 %) et surtout des médecins hospitaliers (62 %) déclarent manquer « toujours » ou au moins « souvent » de temps pour réaliser toutes leurs tâches. Leur charge de travail, en plus d’être soutenue, est « inégale au point qu’ils accumulent du retard » et les empêchent de prendre des pauses dans leur travail, ce qui accroit leur risque de stress et de mal-être au travail. Ce manque de temps empêche également bon nombre de soignants de consacrer aux patients le temps qu’ils voudraient leur accorder : 70 % des personnels hospitaliers et 49 % des médecins estiment qu’ils n’ont « jamais », « rarement » ou seulement « parfois » du temps pour parler aux patients. Ils n’ont pas non plus la possibilité de faire suffisamment de prévention et d’éducation à la santé : un personnel sur deux (49 %) et presque autant de médecins (43 %) estiment ne « jamais » ou « rarement » en faire.

Peur de mal soigner

En conséquence, il se développe chez l’ensemble des personnels soignants « une angoisse et une source de stress majeure » : « mal soigner leurs patients », conclu l’étude. Plus de la moitié d’entre eux se disent préoccupés par la crainte de faire des erreurs par manque de temps (« parfois » comme « souvent »).

 

*Chiffres issus du « Carnet de santé des Français et des personnels hospitaliers » réalisé par l’institut Odoxa pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH). Au total, 1 458 personnels (dont 1 223 infirmiers et aides-soignants) et 176 médecins adhérents à la MNH ont été interrogés par internet entre avril et mai 2018. Celui-ci est accessible via le lien suivant : http://www.odoxa.fr/sondage/carnet-de-sante-francais-personnels-hospitaliers-2/.

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